Julie Poirée
Artiste
Un ruban sale, un chiffon déchiré, un drap fané, une peluche éventrée, un bas filé, une vieille sangle en tissu, un morceau de ficelle esseulé, des fibres végétales et animales inutilisées...
La déambulation est permanente. La collecte, obsessionnelle, prend la forme soit d’une transe de rue difficile à interrompre, soit d’une errance désespérée dans les armoires familiales ou les brocantes. Sauver de l’abandon et de l’oubli des morceaux d’objets anciens, abîmés, voués au désintérêt ou à la disparition, est devenu une quête urgente, pulsionnelle, irrépressible. Recueillir ces fragments de vécus anonymes ou familiers initie un acte salvateur, il apaise la dispersion, exorcise le vide en convoquant la mémoire enfouie.
Ces matériaux - mis de côté dans l’atelier, alignés ensemble, en conservant l’état dans lequel ils ont été trouvés - passent le temps, attendent, se fréquentent, et acquièrent une charge de sens supplémentaire, venant s’ajouter à la vitalité résiduelle dont ils étaient déjà porteurs.
Fragments de vécus, anciens réceptacles d’émotions et résidus d’intentions, ils deviennent un vocabulaire intime ; leur traitement par assemblage, modelage, imprégnation et emballage, nouage et tissage, libations et onctions successives de porcelaine ou de chaux, est à la fois cathartique, thérapeutique et producteur d’une nouvelle charge symbolique.
En pansant la matière de plusieurs couches d’un baume blanc, en la contenant par le fil, le noeud ou l’enveloppe textile, le rituel personnel est là pour réparer, purifier la souillure sans nier son existence, conjurer toute menace de perte ou de séparation, apprivoiser l’insaisissable des émotions non formulées, l’indicible qui n’est jamais parvenu à prendre forme. C’est un geste structurant destiné à réanimer et recharger de sens une histoire désarticulée, une tentative de reconstituer l’être éparpillé au fil de son vécu, lui redonner chair et souffle.
Ces effigies incarnent des états intérieurs et prennent la forme de reliques pour ressusciter, conserver et ne pas oublier, ou de fétiches pour exhumer, figurer et resacraliser l’histoire intime. Elles sont des multiples de soi à rassembler et racontent le trajet d’un corps en morceaux en perpétuelle reconquête de sens et d’unité.
Toutes, en donnant forme, sauvent.
La déambulation est permanente. La collecte, obsessionnelle, prend la forme soit d’une transe de rue difficile à interrompre, soit d’une errance désespérée dans les armoires familiales ou les brocantes. Sauver de l’abandon et de l’oubli des morceaux d’objets anciens, abîmés, voués au désintérêt ou à la disparition, est devenu une quête urgente, pulsionnelle, irrépressible. Recueillir ces fragments de vécus anonymes ou familiers initie un acte salvateur, il apaise la dispersion, exorcise le vide en convoquant la mémoire enfouie.
Ces matériaux - mis de côté dans l’atelier, alignés ensemble, en conservant l’état dans lequel ils ont été trouvés - passent le temps, attendent, se fréquentent, et acquièrent une charge de sens supplémentaire, venant s’ajouter à la vitalité résiduelle dont ils étaient déjà porteurs.
Fragments de vécus, anciens réceptacles d’émotions et résidus d’intentions, ils deviennent un vocabulaire intime ; leur traitement par assemblage, modelage, imprégnation et emballage, nouage et tissage, libations et onctions successives de porcelaine ou de chaux, est à la fois cathartique, thérapeutique et producteur d’une nouvelle charge symbolique.
En pansant la matière de plusieurs couches d’un baume blanc, en la contenant par le fil, le noeud ou l’enveloppe textile, le rituel personnel est là pour réparer, purifier la souillure sans nier son existence, conjurer toute menace de perte ou de séparation, apprivoiser l’insaisissable des émotions non formulées, l’indicible qui n’est jamais parvenu à prendre forme. C’est un geste structurant destiné à réanimer et recharger de sens une histoire désarticulée, une tentative de reconstituer l’être éparpillé au fil de son vécu, lui redonner chair et souffle.
Ces effigies incarnent des états intérieurs et prennent la forme de reliques pour ressusciter, conserver et ne pas oublier, ou de fétiches pour exhumer, figurer et resacraliser l’histoire intime. Elles sont des multiples de soi à rassembler et racontent le trajet d’un corps en morceaux en perpétuelle reconquête de sens et d’unité.
Toutes, en donnant forme, sauvent.